Little Dragon

Interview

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Avis aux amateurs de synthé-pop suédoise : les Little Dragon sont de retour avec la suite de 'Ritual Union' sorti en 2011. Nous nous sommes entretenus avec le groupe lors du festival SXSW pour en savoir plus sur leur excellent nouvel album, 'Nabuma Rubberband'.

Avant toute chose, qu’est-ce qu’un Nabuma Rubberband (ndlr: littéralement 'Élastique Nabuma')?

Yukimi Nagano : Tout a commencé par le titre provisoire de ce morceau que je chantais, "Blinded by the rubber bands." Je ne sais comment, on a fini par appeler cette chanson 'Nabuma Rubberband', et quand on a essayé de trouver un nom pour l’album, c’était la première de nombreuses options. On a failli opter pour 'Mirror' mais on a fini par revenir à Nabuma Rubberband parce que ça nous paraissait bizarre, et différent.

C’est une combinaison de mots peu commune, parce que ça ne veut rien dire ! Mais c’est une chouette représentation: cela peut être le nom d’une fille, un endroit, un état d’esprit... Et maintenant que c’est devenu le nom de l’album, ça a beaucoup de signification pour nous.

Fredrik Källgren Wallin : On n’a pas fait le rapprochement à l’époque, mais ça peut aussi être une référence à la chanson de Kate Bush, 'Rubberband Girl'.

Ayant été révélés au grand public par "Ritual Union", avez-vous ressenti beaucoup de pression pendant la composition de l’album?

YN : Je pense que l’on ressent toujours une pression, mais c’est celle que l’on se met nous-même: il y a cette volonté de faire quelque chose que l’on sent bien et qui est inspirant. Cette fois-ci, il s’agissait plus de trouver ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. On a été durs avec nous-même, se retrouvant coincés, et passant par différentes phases dans notre confiance et notre composition.

FKW : [Toute la pression externe] était en fait assez facile à oublier. J’ai passé tellement de temps en dehors [de la vie publique] que nous oubliions de nous inquiéter de ce que tout le monde allait penser.

Quel était votre but, musicalement parlant? Y en avait-il un?

YN : Quand on a commencé à écrire, il n’y avait clairement pas de but précis, à part le but normal de faire quelque chose de super.

Erik Bodin: Donc on a fini avec ça. C’est un voyage fantastique trouble, glissant: parfois clair, parfois sombre, parfois ascendant, parfois descendant...

Quelles étaient vos références?

YN : J’ai l’impression que les morceaux ont été inspirés d’un tas de choses différentes, mais rien n’a été explicitement mentionné ou fait de manière consciente.

EB : C’est après coup que l’on a commencé à sortir des fausses réponses comme “Ouais, on a décidé de...”

De facon générale, vous partagez tous les mêmes goûts musicaux?

YN : Je pense qu’on est plus d’accord que pas d’accord, ça c’est sûr.

EB : On est d’accord.

FKW : …sur le fait de ne pas être d’accord !

YN : J’aime assez que l’on ne soit pas d’accord sur tout; ça rend les choses intéressantes que nous ayons chacun des goûts différents. C’est comme ça que l’on découvre aussi des trucs: je vais entendre les mecs jouer des trucs que je n’avais jamais entendu avant, et on va partager la musique de cette façon...

EB : On est unanimes sur Kraftwerk, du Prince... Ce n’est pas une influence à proprement parler, et peut-être que ce n’est pas le cas pour tous, mais j’ai découvert récemment que j’aimais vraiment beaucoup le morceau "Everything Nice'"de Popcaan. Il est assez raffiné et pop, mais c’est comme le dancehall. J’aime son état d’esprit.

Le procédé d’écriture a-t-il été différent que pour vos disques précédents?

YN : Je dirais qu’on travaille plus ensemble. On était tous dans le studio, et on a passé en revue les avis de chacun et retravaillé les chansons. On l’avait un peu fait avant, mais on l’a beaucoup plus fait sur ce disque...

FKW : On a aussi laissé quelqu’un d’autre mixer l’album. Nous l’avions fait nous-même dans le passé mais on a décidé d’arrêter, donc Jason Joshua l’a fait.

Nous avons entendu des rumeurs selon lesquelles Diplo et Pharrell voulait produire votre album...

YN : Non, ce n’est pas vrai, mais on a rencontré plusieurs fois Diplo à des festivals et c’est vraiment un chouette type. Il fait de la super bonne musique pour faire la fête.

FKW : Robin Hannibal a aussi produit un morceau.

Mais il y a une participation de De La Soul sur l’album, n’est-ce pas?

YN : Ouais, Dave de De La Soul a co-écrit "Mirror" et "Killing Me". On est amis avec lui depuis la tournée de Gorillaz et j’aime vraiment les paroles qu’il écrit, donc c’était sympa de débattre de nos idées avec lui. Je trouve que les mecs [du groupe] sont vraiment, vraiment de gros geeks avec le son, et ils ont des tonnes d’avis sur la musique et ma façon de chanter, mais ils ne sont peut-être pas à fond sur les paroles. Ils ont leur avis et tout, mais c’était sympa de ne pas discuter avec un autre parolier mais quelqu’un qui amène un point de vue plus rap.

FKW : Et aussi quelqu’un qui est de langue maternelle Anglais, parce qu’évidemment la nôtre est le Suédois.

EB : Je peux rapper super bien en Suédois….

Pourriez-vous nous en dire plus sur vos inspirations pour les paroles?

YN : Je voulais me lancer un challenge en essayant de ne pas chanter seulement à propos de moi et de ce que je ressens, mais en parlant aussi de sujets politiques. Par exemple, ‘Only One’ est dystopique et sombre, traitant l’histoire d’amour d’un personnage qui est dans le couloir de la mort.

Donc ouais, je pense que je voulais creuser un peu plus profond, et trouver l’inspiration dans des sujets qui selon moi avaient du sens ou me touchaient. Cette fois-ci, mes histoires personnelles s’entrelacent avec les histoires d’autres gens, même si cela se fait de manière abstraite.

Qu’avez-vous appris sur vous-même en faisant cet album?

YN : J’ai en quelque sorte appris que parfois, c’est bien de ne pas obtenir ce qu’on veut. C’est quelque chose que je continue d’apprendre et que je dois continuer à ré-apprendre...

EB : C’est vrai, pareil pour moi. J’ai l’impression que j’ai réussi à me débarrasser d’un trop plein de sentimentalité sur la façon dont les choses doivent être faites. On n’était pas si affectés, et on était ouverts à ce que quelqu’un emmène notre musique ailleurs. Je pense qu’on est devenus assez mûrs pour écouter nos chansons de façon plus objective, comme “Oh il y a effectivement de vraies bonnes idées là-dedans”, même si ce n’était pas toujours nous qui le faisions.

Håkan Wirenstrand : Je pense que nous avons cristallisé un peu plus notre procédé de travail. Pendant des semaines, nous avions cette concentration pour laquelle nous devions toujours être ensemble, à travailler.

Si vous deviez regarder dans le rétroviseur vos huits années ensemble, y a-t-il eu un moment fort qui vous a marqués en particulier?

EB : Je pense que c’est juste une bénédiction que nous soyons encore tous ensemble.

YN : Notre vision c’est que nous avons choisi de faire ça en tant que passion dans la vie, et dans la vie il n’y a pas de moment fort particulier: il y a constamment des hauts et des bas et ça part dans tous les sens.

YN : Notre vision c’est que nous avons choisi de faire ça en tant que passion dans la vie, et dans la vie il n’y a pas de moment fort particulier: il y a constamment des hauts et des bas et ça part dans tous les sens.

FKW : Ceci dit, je dirais sans doute que le truc le plus énorme sont les concerts que l’on fait. Quand tu sens l’énergie te revenir de la foule, tu te dis ‘Imagine si personne n’aimait notre musique...” C’est agréable de se rappeler de ça.

EB : Je me souviens d’un gros concert à Belfast, pour l’une de nos premières tournées. Le menu du dîner de la salle était un plateau de chips, et il y avait seulement 10 personnes dans le public.

FKW : On était en mode “Ne nous laissons pas abattre: donnons leur tout ce que nous avons.”

EB : Et ils ont tous acheté le disque. Incroyable !

YN : Je pense qu’il y a eu de nombreux défis et de moments difficiles qui nous ont façonnés en tant que groupe. Même si à l’époque, certains pouvaient vraiment craindre – comme le fait de voyager comme des fous – tu trouves un moyen de travailler ensemble dans ces situations. J’espère qu’il y en aura encore plein à venir...

сакавік 2014