BRNS

Interview

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Après la sortie du morceau "Void" qui dévoile un univers très sombre, nous n'avons pas resisté à l'envie d'interviewer les quatres Bruxellois qui sillonent l'Europe avec leur fougueux rock indé, afin d'en savoir un peu plus sur l'évolution du groupe et leurs choix artistiques depuis la pépite pop 'Mexico' qui les avait révélés au grand public. Loin d'avoir pris le melon, les joyeux lurons ont partagé avec nous leur philosophie 'scout' et leur volonté de s'entourer d'artistes de talent(s)...

Depuis notre dernière rencontre, vous semblez enchaîner les tournées en Europe à un rythme intensif. Comment avez-vous réussi à créer un album en étant constamment sur la route?

Tim : À chaque fois qu’on rentrait de tournée, quand on avait une semaine de battement, on prenait le temps de se mettre un peu "au vert." On est allé quelques fois dans la maison de campagne des parents de César, ou sinon dans notre local, qui était vraiment très très miteux à l’époque. Maintenant on a un local tout aussi miteux mais plus grand. (Rires) La composition du prochain album s’est étalée sur un temps beaucoup que pour "Wounded", dont les morceaux avaient été composés dans un délai assez court.

Antoine : Le truc c’est que quand 'Wounded' est sorti officiellement, on avait déjà des nouveaux morceaux de composés, donc les prémices de l’album à venir remontent à 2012. Il vraiment été composé sur une bonne année et demi.

La réaction du public influence-t-elle vos créations? Vous arrive-t-il de modifier des morceaux après les avoir testés en concert?

Antoine : On a rarement modifié les morceaux après les avoir joués live. Il y a pas mal de morceaux du nouveau disque qu’on joue en concert depuis très longtemps. On a pu peaufiner le set en les testant, mais ça n’a pas vraiment d’influence sur la manière de composer. Ça nous a juste permis de bien les maîtriser, et d’arriver en studio assez confiants, ce qui est plutôt agréable. Il y a 2 jours, à Resé près de Nantes, on a joué plein de nouveaux morceaux, et on les a tous à peu près merdés, ça fait partie du jeu...

Je dirais même que le fait de faire des concerts tout le temps n’est pas une chose exceptionnelle pour composer, parce que quand tu reviens de tournée, t’as pas envie d’entendre parler d’instruments, de musique, de t’enfermer dans un local… T’as juste envie d’aller chiller au parc et de manger une glace. C’est pour ça qu’on a mis si longtemps pour le successeur : on a jamais réussi à vraiment dégager un mois où on pouvait composer. On a dû trouver des petits moments par ci par là. J’espère que pour celui d’après on arrivera vraiment à dégager du temps, genre 2 mois et arriver à enchaîner plus rapidement.

Votre nouveau single "Void" semble moins accessible que "Mexico". Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce 1er single?

Tim : En fait, on voulait un peu annoncer la couleur. On considérait 'Void', pas vraiment comme le single de l’album mais plutôt comme un "single zéro", une sorte d’introduction à cet album qu’on a fait de manière plus posée, plus réfléchie. On avait envie de marquer le coup avec ce morceau qu’on aime beaucoup, qui fait l’ouverture du disque qui sera peut-être moins rentre-dedans.

Antoine : On n’avait pas envie de revenir avec direct un gros truc tapageur et super pop. Et voulait faire un clip un peu plus noir, un truc moins évident. Il y a vraiment eu un tournant. Même 'Mexico', au sein de 'Wounded', était un morceau qui contrastait vraiment avec le reste, car il était clairement plus uptempo. Je crois que c’est important de montrer qu’artistiquement il y a eu du chemin depuis. Ça fait 4 ans qu’on a composé 'Mexico'… donc évidemment on fait d’autres trucs, sans pour autant abandonner la pop. 'Void' donc était un chouette teasing pour revenir aux affaires…

Doit-on donc s’attendre à un album encore plus sombre?

Tim : Oui, il y a un univers. Il y a des harmonies souvent relativement tristes alors qu’il y a aussi énormément de couleurs dans l’album. C’est peut-être glauque dans les paroles, mais on reste dans cette idée de contraste. C’est juste moins rentre-dedans, plus calme. Il y a peu de morceaux vraiment dansants ou joyeux. C’est pas la déprime, mais c’est plutôt sombre.

Êtes-vous conscients que l’image cool que le groupe renvoie est en contraste complet avec votre musique? Est-ce volontaire?

Tim : On reste de gais lurons !

Antoine : Je crois que c’est quelque chose que tu peux concilier : faire de la musique qui te plaît qui est triste tout en étant souriant sur scène. Il y a des gens que ça choque, un groupe qui joue de la musique déprimante et qui soudain se marre sur scène à cause d’une blague ou d’une grimace, mais je trouve ça plutôt chouette. On a toujours voulu garder ce côté naturel. Ce n’est pas pour brouiller les pistes, on reste juste exactement nous-mêmes sur scène comme on est dans la vie. Je crois que c’est la manière la plus simple de proposer un truc. D’ailleurs, qu’on soit sur une petite ou une grande scène, on va proposer exactement le même bazar.

La pochette de 'Wounded' et la vidéo de 'Void' semblent hyper étudiés. Est-ce que vous accordez beaucoup d’importance à l’esthétique liée au groupe et à vos sorties?

Tim : Oui clairement, on y accorde beaucoup d’importance. Après on laisse beaucoup de liberté à l’artiste. On aime travailler avec des artistes qui ont un univers déjà très marqué. Pour le visuel du nouvel album, on a fait appel à un ami qui fait énormément de graphisme, de trucs 3D, et qui a toujours des idées assez foldingues. Là il s’est lancé dans une énorme maquette en plaques d’acier qu’il a coupées, soudées, etc. On s’attendait à ce qu’il nous propose une idée un peu fofolle comme ça.

Pour le clip de 'Void' on a demandé à un gars qui a aussi de très bonnes idées et qui arrive à faire des clips très impressionnants autant visuellement qu’au niveau des scénarios. On lui a dit "Ecoute, tout ce qu’on peut te donner quelques paroles mais fais ton truc." Il nous a proposé quelque chose de très libre, et il a mené le projet de bout en bout, nous on n’apparaît presque pas dans le clip.

Vous n’apparaissez jamais dans vos supports (pochettes, clips.) Est-ce une volonté?

Antoine : Au début on voulait être encore plus radical, on voulait même pas apparaître sur des photos de presse. D’ailleurs notre première photo de presse c’était nous, mais on était dessinés. Ensuite tout ça s’est un peu estompé. Si tu regardes les Horrors, il font de la grosse cold wave, ils font des photos presse où ils posent comme des malades, en perfecto, ils ont de la gueule etc. Nous on est pas ultra vilains, c’est pas la question, mais on a pas envie de mettre cet aspect là en avant, d’ailleurs on nous appelle rarement pour faire des shootings pour des magazines de mode. On se fait même engueuler par notre label parce qu’ils trouvent nos pulls moches. (Rires)

C’est une logique assez simple: c’est plus intéressant de balancer du visuel qui apporte vraiment quelque chose à la musique plutôt que de balancer nos gueules qui n’apportent absolument rien à la musique. Sur ce disque ci on va vraiment essayer de faire quelque chose qui tient la route visuellement et sur la durée.

Vous avez fait beaucoup de premières parties dont celle de Girls In Hawaii sur leur dernière tournée. Est-ce que ces rencontres vous ont inspirés musicalement?

Antoine : C’était une super expérience. C’est un groupe qu’on a vraiment tous écouté il y a 10 ans au moment du premier disque et qui s’est positionné relativement de la même manière que nous à leurs débuts, alors que ça contrastait avec tout un autre pan du rock belge où justement c’était hyper la pose. Eux s’en foutaient, c’était plutôt une grande famille. Du coup ils nous passent un peu le témoin, et c’était assez cohérent de jouer ensemble. Mais on les connaissait déjà un peu avant aussi: on les avait rencontrés au Dillens, haut lieu de la fête à Bruxelles Rire, qui était un peu leur GQ.

La tournée s’est super bien passée, on est un peu dans le même esprit, même si on ne fait pas du tout la même musique. Ils sont super cools et même après tout ce qui s’est passé, ils ont su garder une certaine fraîcheur. Ça reste un groupe où y a une bonne ambiance, ils portent tous le matos, y a pas de starification de qui que se soit, tu sens qu’à la base c’est des vieux potes, une vieille bande de scouts (Rires)

Lors de notre dernière interview, vous aspiriez à un album tout en cohérence, jusqu’au-boutiste, au sein d’un univers musical travaillé, avec un ordre des morceaux étudié, et des interludes. Est-ce que vous avez réussi à accomplir ce que vous souhaitiez?

Tim : C’est exactement ce qu’on a fait ! (Rires) C’est beaucoup plus travaillé, mûrement réfléchi, et on savait presque, au moment de composer le morceau de début et le morceau de fin, que ça serait le morceau de début et le morceau de fin...

Antoine : Et le morceau d’interlude, qu’il serait au milieu... (Rires)

La sortie de l’album est donc prévue pour le 25 Août?

Antoine : Oui pour mon anniversaire ! J’aurai un album gratuit, je m’octroie ce cadeau ! (Rires)

Tim : Chaque année ça tombe sur l’anniversaire de quelqu’un. L’an passé c’était Diego. Le mien tombe en décembre donc ça n’arrivera jamais... à part un petit EP de Noël (Rires)

Quid de vos projets d’été : festivals, festivals, festivals?

Tim : Cet été sera plus calme car l’album sort à la fin de l’été. On aimerait partir en vacances mais on va dire qu’il y a des dates mal placées (Rires), mais des chouettes dates genre le Pukkelpop. Donc non, on n'ira pas au camp scout (Rires.)

травень 2014