Disclosure

Interview

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Débutant dans leur chambre, les producteurs précoces de Disclosure sont à la tête des charts avec leur mix de garage et de deep house. Nous nous sommes entretenus avec Howard, le plus jeune des frères Lawrence, pour en savoir plus sur leur premier album Settle.

Revenons sur nos pas. La musique prenait-elle une part importante quand vous étiez petit?

Oui, bien sûr. Nous venons d’une famille très musicale. Nos parents étaient tous les deux des musiciens professionnels, donc ils nous jouaient toujours des morceaux ou nous montraient des instruments. La musique était presque tout ce que l’on avait quand on était petit.

Avez-vous toujours voulu suivre les pas de vos parents dans l’industrie musicale?

Je pense qu’on a tous les deux aspirés à une carrière dans la musique. Bien sûr, c’est très dur d’y percer, surtout si vous voulez faire partie d’un groupe de rock, ce qui est presque la seule option imaginable quand on est très jeune. Mais nous voulions sans aucun doute nous investir dans la musique d’une façon ou d’une autre, que ce soit être un artiste ou travailler dans la production.

Quand vous êtes-vous intéressés à la dance?

Ce projet fut le premier qui nous ait vraiment attiré vers la dance. Nous connaissions le dubstep mais nous n’étions pas non plus fans, puis, il y a environ trois ans, nous avons commence à écouter ce qui se faisait en Angleterre à ce moment là – les musiques de Joy Orbison, Burial et Floating Points. C’était un peu comme du dubstep, mais plus mélodieux, donc ça nous semblait plus intéressant. Nous avons essayé d’imiter ce son pour en apprendre un peu plus.

Vous n’aviez pas encore l’âge d’aller en boîte à l’époque?

Pas moi, mais Guy avait le droit. Il avait 18 ans à l’époque donc il allait dans les clubs de Londres et de Brighton pour savoir ce qu’il s’y passait et qui étaient les DJs populaires comme Skream et Benga. Mais comme j’étais trop jeune pour sortir avec lui, l’internet a joué un rôle majeur dans notre éducation de la dance.

Les journalistes semblent obsédés par le fait que vous ayez commencé très jeunes. Trouvez-vous cela frustrant?

Non, ça ne nous frustre pas plus que ça. Ca nous donne au contraire un coup de pousse. Les gens nous sous-estiment et sous-estiment notre culture de la dance ou de la musique en général parce que nous sommes jeunes. Mais vous n’avez pas besoin d’avoir été en vie lorsque la musique a été créée pour l’aimer et la connaître. (Rires)

Parlons un peu de "Settle". Pouvez-vous expliquer comment cet album est arrivé à maturité?

Le procédé a changé avec chaque morceau pour être honnête. Nous n’avions pas une routine spéciale que nous suivions. En général, Guy s’est investi plus dans la production, le mixage et les batteries, alors que je me concentrais plus sur les accords, les mélodies et la composition. Mais il y avait des zones de gris, nous nous sommes tous les deux investis dans tous les secteurs.

Etant le grand frère, est-ce que Guy prenait un peu plus les rênes?

Au départ, Guy avait plus son mot à dire car il prenait des cours de technologie en musique à l’université, donc il s’y connaissait mieux que moi en logiciels. Mais maintenant, je dirais que c’est assez équilibré. Nous ne nous voyons même pas vraiment comme frères, plus comme amis.

Il y a des invités impressionnants sur ce disque. Les avez-vous sélectionnés vous-mêmes ou vous les a-t-on suggéré?

Ca dépend. Certains – comme Jamie Woon et Ed de Friendly Fires – nous les avons choisis car nous sommes de grands fans de leur musique. La collaboration avec Aluna est venue assez naturellement car AlunaGeorge faisait notre première partie en tournée. Pour "Voices", quelqu’un nous avait envoyé une vidéo YouTube de Sasha en train de chanter, et nous avions trouvé ça incroyable donc nous l’avons contacté.

Auriez-vous aimé y inclure d’autres artistes?

Oui, il y en avait quelques uns. Nous voulions un rappeur américain sur l’album – quelqu’un comme Kendrick Lamar, A$AP Rocky, Joey Bada$$, ou Q-Tip – mais ça n’a pas marché à cause de nos emplois du temps. Je crois que nous sommes toujours en train de planifier quelque chose avec quelques uns d’entre eux.

Laissez-vous beaucoup de liberté aux artistes invités sur l’album?

Oui, ils peuvent donner leur avis, mais nous avons l’habitude d’avoir les mélodies et les chœurs prêts avant qu’ils n’arrivent. Ca change selon les chanteurs, mais en général, nous aimons écrire les paroles avec eux pour qu’ils chantent des mots qui signifient quelque chose pour eux, au lieu de chanter sans conviction.

Vous chantez également sur l’album, seul sur "F For You" et avec Jessie Ware sur "Confess To Me". Est-ce quelque chose que vous aimeriez faire davantage?

Oui, je crois, même si pour cet album, c’était vraiment un accident. J’avais enregistré ma voix pour "F For You" il y a plus d’un an, juste pour avoir quelque chose sur lequel travailler en attendant que quelqu’un d’autre chante mieux par dessus. Mais Guy a fini le morceau sans me l’avoir dit, et c’est donc moi qui chante dessus. (Rires)

La voix d’Ed McFarlane sur "Defeated No More" nous a surpris; elle est pleine de soul, nous n’avions même pas réalisé que c’était lui au départ.

Et oui! Nous n’avons même pas modifié la voix ni rien du tout. Nous avions le beat de ce morceaux depuis des mois. Nous avions même essayé d’écrire une chanson sur ce beat avec Jessie Ware mais ça n’a pas vraiment fonctionné. Puis nous l’avons fait écouter à Ed qui l’a adopté immédiatement, étant un grand fan de deep house. Il s’y connaît bien mieux en deep house que nous. Nous avons enregistré ce titre en quelques jours, et je trouve que les morceaux qui s’enregistrent rapidement et facilement sont souvent les meilleurs.

Avez-vous un titre préféré?

En ce moment, j’aime "January", avec Jamie Woon. Pour être honnête, je pense que c’est parce que c’est la seule que je n’ai pas sur mon iPod. (Rires) J’ai écouté les autres trop de fois, en essayant de voir ce qui ne va pas avec chacune.

Pouvez-vous nous parler de l’enregistrement qui revient sur "When A Fire Starts To Burn"?

Ca vient du fait que nous ne trouvions pas de rappeur avec qui travailler. J’étais tellement frustré car nous étions sur le point de travailler avec un rappeur et ça s’est annulé à la dernière minute. Donc je me suis dis que j’allais trouver quelqu’un qui sonne américain et mixer sa voix pour que ça sonne comme s’il rappait.

J’ai donc cherché sur internet les mots “spoken world Harlem” et je suis tombé sur ce pasteur qui parlait de motivation. J’ai trouvé ça très cool donc je l’ai enregistré et on l’a également utilisé pour l’intro de l’album car nous aimions vraiment sa manière de parler du changement et de son côté inévitable. Notre son a beaucoup changé depuis nos premières sorties, donc c’était une façon de dire à nos fans que notre son allait évoluer, qu’ils le veuillent ou non.

Où pensez-vous vous diriger musicalement parlant?

Je pense que l’on va se diriger plus vers le hip hop, car nous écoutons autant de hip hop que de house ou de garage. Ce serait une évolution naturelle, mais nous verrons bien.

Il est rare que des producteurs ou DJs produisent un album en entier. Pourquoi le format d’album est-il si important à vos yeux?

Je crois que c’est important à mes yeux car je ne me considère pas vraiment comme un producteur. Guy s’occupe plus de la production, et je me vois plus comme un compositeur. De plus, nos titres sont structurés comme des chansons pop, avec des couplets et des refrains, et ce format marche mieux pour un album. Sortir des titres house de 50 minutes n’attirerait pas vraiment grand monde.

Quels sont vos projets pour 2013?

On vient de m’apprendre que nous allons faire 39 festivals… (Rires) Donc oui, des festivals tout l’été, puis des concerts cet automne, pour finir juste avant Noël. Maintenant que nous avons terminé l’album, nous allons surement chercher à faire des remixes aussi.

Quelle est votre ambition ultime pour Disclosure?

J’aimerais que cet album soit connu d’autant de monde que possible, et que tout le monde le trouve bon. Nous sommes très nerveux là dessus, donc avoir une réponse positive sur cet album est tout ce que l’on souhaite pour le moment.

Enfin, quel a été votre point fort jusqu’à présent?

Je crois qu’avoir voyagé aux Etats-Unis et avoir vu tous ces gens si loin de chez nous chanter sur nos morceaux, a été un moment très fort. L’accueil a été incroyable là-bas. Ce sera super de voir ce qu’il va se passer quand l’album sortira.

травень 2013